La dernière prophétie des Andes
Entre polar historique et thriller fantastique :
« La dernière prophétie des Andes »
Sur une musique de Pascal Marchand
« La dernière prophétie des Andes »,
Sur tous les sites marchands, et via votre libraire (distribution Sodis) à partir du 5 mai 2021 :
PITCH DE LA DERNIERE PROPHETIE DES ANDES
- Une lettre datée de la Seconde Guerre Mondiale mystérieusement parvenue, de nos jours, au quotidien Sud-ouest.
– Un quipu incomplet (système d’écriture constitué par des agencements de cordelettes de laine nouées) qui détient le secret de toutes les prédictions incas.
– Un manuscrit écrit par un ecclésiastique espagnol en 1534, retrouvé dans un monastère équatorien, qui indiquerait l’emplacement du trésor disparu d’Atawalpa[1].
– Un disque en or, objet emblématique des croyances andines, qui détiendrait de curieux pouvoirs.
Ce sont là des indices qui permettraient de retrouver la trace des derniers incas qui ont fui les persécutions espagnoles emportant avec eux des richesses fabuleuses.
Dans cette histoire, les enquêtes menées par des personnages séparés par 5 siècles vont s’entremêler et fusionner pour plonger le lecteur dans une atmosphère étrange et déroutante (cf. « Cloud Atlas » d’après le roman de David Mitchell).
— Les investigations d’une jeune journaliste qui cherche à cerner la personnalité énigmatique d’un professeur d’Histoire, spécialiste des civilisations précolombiennes, qui a vécu durant la Deuxième Guerre Mondiale à Bordeaux. Etait-il un héros de la résistance ou un infâme collaborateur ?
— La quête en 1534 de la terre promise aux incas par des prédictions inscrites sur des quipus ancestraux.
— La recherche entreprise par une expédition menée en 1943 pour retrouver la piste empruntée par les derniers incas qui transportaient de légendaires richesses.
Se conformant aux indications d’un vieux manuscrit, le groupe, conduit par Louis-Henri Marcillac devra affronter non seulement les dangers de la jungle mais aussi la cupidité des nazis.
Le personnage de Louis-Henri Marcillac fait penser à un héros emblématique de la culture populaire comme Indiana Jones, Benjamin Gates ou Bob Morane.
Le récit de ses aventures mêle fiction et réalité où l’homme devra affronter des dangers et rencontrera l’impensable.
[1] Dernier souverain inca.
LA DERNIERE PROPHETIE DES ANDES
(EXTRAIT)
Chapitre 1
Bordeaux, mai 2011, bureau du journal Sud-Ouest,
23, quai de Queyries
La biographie ajoute une crainte à la mort
Oscar Wilde
— Je suis désolé, mademoiselle…
Bernard Cazeneuve jeta un bref coup d’oeil au CV posé sur son bureau,
— Mademoiselle Meyer, je suis vraiment désolé, mais nous n’avons pas de projet d’embauche actuellement au journal Sud-Ouest. La conjoncture, vous savez…
Le visage de Chloé devint livide. Cette sensation d’oppression qui la gênait depuis le début de l’entretien acheva de l’abattre.
En la regardant, Cazeneuve eut pitié de cette gamine qui s’était battue avec opiniâtreté pendant un bon quart d’heure pour essayer de défendre sa candidature.
Avec ses cheveux mi-longs d’un brun doré, sa frange balayée, ses yeux noisette et son air ingénu, elle lui faisait penser à sa propre fille.
Il essaya de lui redonner courage par une phrase tellement bateau qu’il se sentit stupide :
— Ne soyez pas déçue, mademoiselle Meyer, vous avez un CV intéressant. Le master professionnel délivré par l’université Michel Montaigne plus votre stage à Madrid au quotidien El Pais vous permettront de trouver rapidement un job de journaliste.
— Même un travail de documentaliste, de correctrice ou de pigiste ? demanda Chloé d’une voix plaintive.
Alors que les larmes lui montaient aux yeux, elle ajouta en baissant la tête, comme si elle se sentait fautive :
— J’ai besoin de bosser. Ça fait quatre mois que je vis avec le RSA, je ‘en peux plus !
Cazeneuve se sentit gêné. La fille avait assuré jusqu’à maintenant et là, elle était en train de craquer. Il fit une grimace pour marquer sa perplexité et ses lèvres emprisonnèrent un coin de sa grosse moustache grisonnante. Il eut un temps d’arrêt puis se ravisa en levant le doigt.
— Attendez, j’ai peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. Ce n’est qu’un CDD, mais cela pourrait vous dépanner.
Il fit pivoter son gros fauteuil de cuir qui grinça désagréablement et commença à fouiller dans la paperasse entassée sur le meuble à tiroirs placé derrière lui.
— Voyons, où ai-je pu mettre ça ?
Anxieuse, Chloé retint sa respiration. Elle recommença à espérer.
— Ah ! voilà ! dit le journaliste en récupérant une grosse enveloppe en papier kraft jauni avant de faire à nouveau face à la jeune femme. Il retourna la missive pour l’examiner de plus près et ajouta avec un sourire amusé :
— Il s’agit d’une demande que nous avons reçue il y a une semaine et qui doit émaner d’un monsieur d’un certain âge, je pense. Figurez-vous qu’il nous a adressé son courrier à la Petite Gironde1. Voilà belle lurette que notre quotidien ne s’appelle plus comme ça… Donc, cette personne demande à ce que quelqu’un veuille bien rédiger sa biographie. Et en plus, c’est bien payé. Cela pourra vous aider momentanément et étoffera votre CV !
Cazeneuve tendit l’enveloppe à Chloé qui le remercia sincèrement. Elle fourra la lettre au fond de son grand sac à main, malgré l’envie pressante qu’elle avait de lire son contenu. Son visage était transfiguré.
Le journaliste se leva alors brusquement, tant pour prendre congé que pour abréger cet entretien pesant.
En sortant de l’immeuble de verre et de béton, Chloé inspira l’air frais en provenance de la Garonne toute proche. Machinalement, elle marcha comme un automate jusqu’à la place de Stalingrad, longeant les immeubles de pierre noircis par la pollution.
Elle était vêtue d’une veste bleu roi et d’une robe fleurie de la même couleur qui se balançait à la cadence des ses pas. Les reflets dorés de ses cheveux mi-longs miroitaient sous le soleil du mois de juin.
La jeune fille ressentait un malaise. Elle pensa à la vie qu’elle avait eue depuis son enfance et en était au point de se dire que, si elle le pouvait, ce serait bien d’en finir une fois pour toutes. « Sans aucune couleur », voilà comment elle pouvait décrire les vingt-cinq années de sa triste existence, traversant d’abord des familles d’accueil insipides, des services sociaux déshumanisés, sans oublier le manque d’argent et la solitude écrasante. Ensuite, elle pensa à la difficulté quelle eut à terminer un cursus universitaire avec tous ces handicaps. Mais la rage de vaincre et la pugnacité avaient fait partie, jusqu’à aujourd’hui, du caractère de cette gamine des banlieues.
Chloé se mit à courir dès qu’elle aperçut un tram de la ligne A, direction Mérignac, qui était en instance de départ. Elle y monta promptement et, après avoir composté son billet, prit place sur l’une des banquettes près de la porte. Par chance, à cette heure, le tram n’était pas bondé. Le véhicule fit retentir son avertisseur et démarra silencieusement, ballottant ses voyageurs dans un premier tournant.
Avec un mélange d’appréhension et d’intérêt, elle sortit l’enveloppe de sa besace et l’ouvrit délicatement. Elle n’avait pas remarqué tout à l’heure à quel point elle était lourde. Elle ouvrit le rabat et jeta un coup d’oeil à l’intérieur.
Elle contenait une grosse clé noire et une feuille de papier vélin pliée en quatre. Elle déplia la correspondance. Le journaliste avait raison. Une écriture penchée, avec des pleins et des déliés, dénotait l’âge avancé de son auteur. Elle commença à déchiffrer.
Messieurs,
Je m’appelle Louis-Henri Marcillac. Je réside au 189 bis de la rue de Saint-Genès, à Bordeaux.
Je désirerais que l’on écrive le récit de ma vie, avec la plus grande honnêteté possible, sans aucune influence extérieure. Il devra être pris en compte le fait que, malgré les accusations portées à mon encontre, j’ai toujours cherché à servir ma patrie, la France, et que personne n’a jamais exercé sur moi une quelconque influence qui aurait pu me faire prendre une mauvaise orientation.
Je rémunérerai la personne qui acceptera cette tâche, pour un montant mensuel qui sera égal à trois fois le salaire d’une secrétaire. Ce travail devrait prendre six mois. Vous pourrez prélever les émoluments sur la cagnotte que j’ai mise de côté à un endroit qui vous sera indiqué dans le grand bureau de ma maison. La clé ci-jointe sert à ouvrir la porte d’entrée principale de ma demeure.
La personne qui se chargera de ce travail pourra en outre bénéficier de mon logement durant toute la durée de sa mission, sachant que tous les éléments nécessaires à la rédaction de ma biographie seront à rechercher dans les papiers et notes que j’y ai laissés.
En espérant que la Vérité triomphera
Votre dévoué
L.H. Marcillac
Chloé relut une nouvelle fois les termes de cette étrange lettre. Ce qu’elle en retint pour le moment, ce fut le salaire proposé.
« Trois fois celui d’une secrétaire. »
Elle en calcula grosso-modo le montant en arrondissant le Smic à 10 euros.
— Yeaaaah ! s’exclama-t-elle.
Elle se ravisa, honteuse, quand elle aperçut les réactions et les regards ahuris que posaient sur elle les rares voyageurs qu’elle avait sortis de leur torpeur avec son cri.
Au fond d’elle-même, l’émotion lui donnait envie de hurler de joie. Accablée il y a moins d’une heure, elle se sentait maintenant euphorique et regarda par la fenêtre les vieilles échoppes grises défiler. C’était décidé. Elle quitterait le soir même le foyer pour jeunes filles que tenaient les religieuses pour aller s’installer rue de Saint-Genès…
**
Après avoir pris rapidement congé de la grosse soeur Marthe de la Sainte-Trinité qui la suivit jusque dans la rue pour la mettre en garde contre les dangers de la vie extérieure, Chloé salua le chauffeur de taxi. Une fois que l’homme, un gros barbu, eut chargé ses bagages dans le coffre, elle s’installa à l’arrière de la 308 noire sur une banquette qui sentait bon le cuir neuf. Elle fit un dernier signe de la main à la religieuse à l’air désolé debout sur le trottoir comme un épouvantail à moineaux.
Même si toute sa vie tenait dans deux énormes sacs de voyage, une gibecière, une cage à chat et un sac à dos, Chloé avait préféré faire venir un taxi.
— Au 189 bis de la rue de Saint-Genès, s’il vous plaît, commanda-t-elle en ayant l’impression pour la première fois d’être enfin quelqu’un d’important…
**
La maison du quartier Saint-Genès était une grosse demeure bourgeoise d’un quartier cossu. Elle paya le chauffeur qui venait de descendre tout son équipement du coffre. La berline repartit, et la jeune femme leva la tête vers la façade.
Un mur de pierre calcaire noircie arborait au rez-de-chaussée deux hautes fenêtres et une porte de bois volumineuse ornée d’un marteau en bronze. Au-dessus de l’entrée grimaçait un mascaron représentant Bacchus entouré de grappes et de feuilles de vigne.
En se penchant en arrière pour apercevoir l’étage, elle vit deux balcons en fer forgé ouvragé qui dominaient une frise de modillons.
Elle monta les quatre marches du perron puis saisit la clé qu’elle introduisit dans la grosse serrure, en se retenant de respirer…
LA DERNIERE PROPHETIE DES ANDES
Chapitre 2
Université de Bordeaux, mars 1943
Le mystère est le meilleur artisan du merveilleux
Ursula Le Guin
Quand le Pr Louis-Henri Marcillac s’élança d’un pas pressé jusqu’à l’estrade de l’amphithéâtre glacial de l’Université de Bordeaux, le silence se fit instantanément et les étudiants se mirent respectueusement debout.
— Mesdemoiselles, messieurs, bonjour. Vous pouvez vous asseoir, lança-t-il tout en faisant glisser de son bras droit sa redingote sur le dossier de sa chaise et en y accrochant aussi son chapeau feutre. Puis il posa son cartable de sa main gauche sur l’assise de son siège.
Sur les gradins, l’assistance obéit sagement. Elle était essentiellement composée de jeunes filles car leurs camarades garçons avaient parfois rejoint les Forces françaises à Londres ou avaient été contraints de s’enrôler dans le STO2. Ceux qui y avaient échappé s’étaient fait faire un complaisant certificat médical attestant d’une grave pneumopathie ou d’une déficience cardiaque.
Quant à lui, Louis-Henri Marcillac, mobilisé dans la 4e brigade de cavalerie au début de la drôle de guerre, il avait repris ses fonctions de professeur à la rentrée universitaire de 1940. Exhibant une allure sportive, ce bel homme brun d’une trentaine d’années attirait l’affluence tant par l’intérêt de ses cours que par un physique attrayant.
Son costume pied-de-poule marron à épaulettes et à basques resserrées lui conférait une carrure encore plus athlétique. Quand il leva la tête vers l’assistance, elle ne resta pas insensible à son regard étonnamment bleu qui lui donnait un air candide. Il commença d’une voix chaude et grave. Les jeunes gens retinrent leur respiration.
— Lors des derniers cours, nous avions parlé des douze Incas qui s’étaient succédé ainsi que de leurs conquêtes territoriales, et nous avions insisté sur Pachacutec, ce fabuleux conquérant des quatre coins du Tawantinsuyu3 qui affronta les Collas, les Chinchas du littoral, les Huancas de la région de Jauja…
Louis-Henri Marcillac se pencha pour appuyer sa cuisse gauche au bord de son bureau de bois tout en regardant l’assistance. Il s’assit ensuite sur le bord du bureau dans une attitude nonchalante en apparence.
— Nous avions aussi évoqué son fils Tupac Yupanqui qui avait mis fin aux razzias du Marañon, c’est-à-dire de la Haute Amazone, et qui traversa le redoutable désert d’Atacama. Il avait aussi fait plier les terribles Canaris de la région de Quito, si vous vous souvenez…
Mais le plus improbable avait été cette expédition maritime qu’il avait menée avec une flotte de quatre cents balsas pour transporter ses vingt mille soldats jusqu’aux îles de l’Océanie…
Le professeur releva la mèche rebelle de son front par un brusque mouvement de tête. Il possédait ce charisme naturel qui faisait de lui un redoutable charmeur.
— Aujourd’hui, nous allons étudier le règne de Huayna Capac, qui signifie le Jeune Tout-Puissant et qui sera le dernier des rois incas avant l’arrivée des… envahisseurs.
Ce dernier mot prononcé plus fort que les autres faisait allusion aux Allemands présents partout sur le sol de la patrie…
Le Pr Marcillac avait le don de captiver l’auditoire. Le regard médusé, le souffle coupé, le coeur battant, chaque étudiant se retrouvait soudain transporté dans le passé, en plein coeur du palais impérial inca, quand la voix de l’enseignant résonnait…
— Fermez les yeux et voyagez dans le temps pour vous retrouver quelque quatre cents ans en arrière ! Imaginez-vous la grande salle du Coricancha en train de retentir des sanglots et des gémissements des femmes du Dieu Soleil…
**
Blotties dans une encoignure, les unes contre les autres, les accclas4 pleuraient la mort prochaine du Sapa Inca qui gisait, allongé à même le sol, sous de grosses couvertures de laine.
Huayna Capac, le terrible et majestueux souverain, n’était plus qu’une masse purulente recroquevillée sur elle-même.
Il était en proie à une maladie mystérieuse depuis qu’il avait vu dans la nuit étoilée le dernier présage qui avait suivi cette succession de terribles malédictions.
Ce soir-là, Huayna Capac s’était effondré et avait perdu connaissance devant la vision de Quilla, l’astre de la nuit démesurément déformé par un triple halo.
Il est vrai que l’image de la divinité telle qu’elle était apparue avait de quoi troubler les esprits les plus forts.
L’astre lunaire monstrueux baignait dans le sang et était entouré d’une seconde auréole verdâtre semblable à du pus, tandis qu’un nuage de fumée funeste et grisâtre épaississait anormalement son lieu de résidence.
Lorsqu’on avait découvert, au petit matin, le souverain à demi-inconscient, on l’avait transporté dans le lieu sacré qui convenait à son importance, le Coricancha.
Les grosses pierres savamment ajustées des murs de cette immense salle de 140 mètres de long sur 135 de large avaient été recouvertes d’une peinture bleue. Une frise de plaques d’or clouées jusqu’à hauteur d’homme en rehaussait la beauté. Même la porte d’accès, les autels et les statues étalaient une débauche de ce métal noble incrusté de milliers de pierres précieuses.
Dans des corniches éclairées par des torches, les vénérables ancêtres, ces malquis5 richement parées, installés les uns à côté des autres, veillaient avec leur air sévère.
À l’extrémité orientale de la salle, se trouvait une chapelle incurvée en ogive entièrement recouverte de feuilles d’or qui était dédiée au dieu Soleil.
À cet endroit, supporté par une idole anthropomorphique, le Disque Royal, l’emblème sacré du dieu Soleil, dominait de toute sa magnificence. Allumé par la lumière de l’astre du jour, il en renvoyait les précieux rayons dans toute la pièce.
Le dernier Sapa Inca était allongé sur le sol. Tout son corps était en feu. Son état empirait malgré le sacrifice de cent lamas noirs et l’art divinatoire des huatucs, ces prêtres drogués plus que de coutume, avec des poudres issues de semences de vilca et d’écorce de stramoine.
Usant d’un rituel magique, le Vilcaoma6 avait fait boire au malade une décoction de coca et de cinchona7. Alors, dans un dernier sursaut de lucidité, l’Inca lui avait murmuré :
— Faites quérir mes fils. Je dois leur parler…
Ils étaient presque tous là, une quinzaine de jeunes hommes attroupés autour du moribond, les uns agenouillés en signe de déférence, les autres chuchotant à l’écart.
Paullu Inca, Kununu, Manco Inca, Chuki Huaman, Yupanqui, Huascar, Ninan Cuyochi, Tupac Huallpa, Quispe Sisa, Cusi Atuchi, Atawalpa, Atoc et ses frères étaient arrivés à l’annonce de la terrible nouvelle de l’affaiblissement de leur géniteur.
Ces jeunes gens et ces adolescents à l’allure altière arboraient tous de magnifiques parures en or, symboles de leur rang social. Ils portaient de volumineux bracelets autour des bras, un pectoral et de grands ornements circulaires qui déformaient les lobes de leurs oreilles. Ceux-ci pendaient parfois jusque sur leurs épaules.
Ils étaient vêtus de tuniques sans manches, aux dessins géométriques bariolés qui descendaient jusqu’à leurs genoux et recouvraient leur pagne. Leurs fronts étaient ceints de bandeaux colorés auxquels étaient fixées, sur le devant, une plaque d’or arrondie et, à l’arrière, une coiffe de plumes.
Ce n’était pas uniquement la piété filiale qui avait fait accourir ces frères dont les mères s’étaient affrontées dans le lit de l’Inca pour y gagner ses faveurs. Il y avait aussi l’attrait de la succession.
Huayna Capac tendit un bras tremblant vers son dernier fils, Ninan Cuyochi, celui qu’il avait désigné comme devant être son successeur. Pourtant, le futur héritier n’était même pas encore un adolescent. Il chuchota :
— Viens, viens… Plus près de moi, encore…
Le membre du mourant était recouvert d’abcès purulents. Son index se tendit faiblement vers le majestueux disque d’or suspendu au fond de la pièce. L’enfant comprit que son père désirait qu’on lui apportât l’objet sacré.
— J’y vais, noble Père.
Le jeune garçon se releva pour aller détacher l’objet. Mais Atawalpa, l’un de ses frères issu de la même mère, s’empressa de le suivre
— Attends-moi, je vais t’aider dans cette tâche. Tu es trop frêle.
En agissant ainsi Atawalpa voulait non seulement toucher l’emblème de l’autorité divine mais aussi s’approcher au plus près de l’être suprême, ce père qu’il avait adoré en tant que père mais aussi en tant que dieu.
Huascar, le frère issu d’une autre épouse, ayant compris le manège d’Atawalpa se précipita à son tour vers la paroi en demi-cercle.
Arrivés devant l’objet, les deux frères se jaugèrent avec un regard rempli de haine.
Le disque en imposait. Il représentait une face humaine hiératique, entourée de dessins géométriques qui symbolisaient les rayons du soleil et étaient disposés sur plusieurs cercles. Le plateau d’or resplendissait si fort sous la lumière en provenance d’une ouverture latérale qu’il était impossible à des yeux humains de le fixer. Les trois jeunes gens le décrochèrent laborieusement puis le portèrent précautionneusement jusqu’au mourant.
Quand ils arrivèrent à proximité de l’Inca, ils se courbèrent en guise de soumission et déposèrent doucement leur précieux fardeau sur le sol, à côté du moribond.
Ce dernier fit signe aux aînés de s’éloigner et inclina sa tête pour prononcer quelques paroles à l’intention du jeune Ninan. Atawalpa, qui s’écartait lentement put en saisir quelques bribes malgré la clameur lancinante de la longue plainte des femmes.
— Le dernier Inca aura la faculté et le devoir de sauver sa race… Il faut que tu apprennes le secret de la dernière prédiction…
Au fur et à mesure qu’Atawalpa se retirait, les mots lui parvenaient hachés par le râle du moribond pour devenir vite inaudibles.
— Tu dois connaître l’immense pouvoir….. De la lumière jaillira la source de vie….. L’objet sacré… L’énergie colossale… Au solstice…
**
Le soir même, Huayna Capac fut remis entre les mains des embaumeurs. Alors commença le pacaricuy, ce rite funèbre qui devait durer trente jours avant que le Fils du Soleil n’aille retrouver ses ancêtres au panthéon du Coricancha.
Plus de mille personnes eurent le privilège d’être appelées. Quelques yanas8, sélectionnés parmi les plus dévoués de ses serviteurs, et plusieurs acclas, choisies parmi les plus belles de ses épouses, furent prestement droguées avant d’être étranglées puis enterrées pour avoir l’honneur de servir le défunt dans le nouveau monde qu’il habiterait dorénavant : le Hanan Pacha.
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about 12 years ago
Un roman captivant qui mèle faits historiques et fantastiques et qui nous transporte dans 3 époques différentes. A lire absolument.
about 12 years ago
L’histoire a l’air passionnante et originale. Le teaser donne encore plus envie de lire ce roman. Merci de me dire où je peux me procurer ce livre.
Une lectrice passionnée qui a hâte de lire les romans de cet auteur.
about 12 years ago
Un roman qui a l’air d’être passionnant. J’ai hâte de le lire car franchement le résumé et la bande annonce nous mettent l’eau à la bouche. Merci de me dire quel est l’éditeur et à quel endroit je peux acheter ce livre. Merci d’avance.
Un lecteur qui aime les vrais romans
about 12 years ago
Histoire de trésor et de disparition, voilà un roman que je lirai bien volontiers sur la plage
about 12 years ago
Hâte de lire ce roman: la vidéo est prometteuse!
about 11 years ago
Je suis agréablement surpris par l’ensemble du roman. Une histoire haletante, originale, tirée de l’histoire Inca (rarement traitée dans les fictions littéraires)… Un rythme fluide. Un vocabulaire érudit mais accessible. Une narration entretenant le suspens. Un style très plaisant.
about 11 years ago
L’histoire est compliquée à résumer, mais je l’ai lue d’un trait, captivée par cette civilisation peu connue du fait des Espagnols qui se sont appliqués à en détruire les traces. Un livre dense, avec dans l’ensemble de bonnes choses…
L’explication de la civilisation complexe des Incas était très intéressante, j’ai appris beaucoup…
about 11 years ago
C’est un roman policier historique mâtiné de fantastique et d’histoire d’amour… Une bonne histoire dans laquelle L’époque inca et bien présentée, on sent le travail de recherche… La lecture est vraiment aisée…
Histoire inca, réhabilitation, idylle et magie.
about 11 years ago
L’époque inca et bien présentée, on sent le travail de recherche… La lecture est vraiment aisée.
about 11 years ago
Bon livre qui permet de passer un bon moment de lecture et d’évasion
about 11 years ago
Un bon bouquin, trois récits qui s’entremêlent, une fascination certaine pour une foule de héros et de personnages démoniaques et cruels. En tout cas j’ai ouvert ce bouquin et ne l’ai refermé qu’une fois terminé.
about 11 years ago
Un bon divertissement entre fiction historique et science fiction.
about 11 years ago
Une intrigue rythmée et un dénouement qui ne se laissent entrevoir que vers la fin du livre. Et bien que ce soit du fantastique, on se laisse porter jusqu’au bout… Tout comme le roman de Redfiels, celui-ci est riche en symbolisme et possède des références philosophiques et sociologiques.
about 11 years ago
ça m’a l’air très intéressant !
Est il possible de voir la couverture? D’avoir des références?
about 5 years ago
J’ai adoré aussi ma question est : à quand une version papier pour un ami qui n’a pas de liseuse et à qui je voudrais absolument l’offrir ?